En 2017, encore près de 35% des Européens perpétuaient un schéma traditionnel profondément ancré : l’homme est le pourvoyeur financier, tandis que la femme doit se cantonner aux tâches domestiques et familiales. Ce paradigme reflète une vision patriarcale où le travail était inégalement réparti, assignant des rôles sociaux rigides et limitant l’épanouissement professionnel des femmes.
L’histoire du travail féminin est celle d’une lutte permanente contre des obstacles structurels multiples. La maternité, plutôt que d’être considérée comme un accomplissement personnel et sociétal, est perçue comme un handicap professionnel. Madame Sophie Dancourt, fondatrice du média « J’ai piscine avec Simone » exprimait avec justesse cette complexité : « Les femmes n’ont jamais le bon âge ». Cette phrase résonne comme un constat amer où chaque étape de la vie devient un challenge. Les femmes ainsi peuvent rater des promotions. In fine, elles n’auront que 10 ans pour faire carrière. Le joueur de football professionnel aussi vous me direz, mais ce dernier sait déjà qu’il doit préparer tôt sa reconversion.
Les carrières féminines ressemblent à de véritables parcours du combattant. Entre les projets familiaux, les attentes professionnelles et les normes sociales implicites, les femmes doivent constamment négocier leur place. La grossesse, la maternité, puis le retour au travail deviennent des moments stratégiques où leur détermination est mise à l’épreuve. Certaines entreprises, malgré les avancées légales, peinent encore à intégrer pleinement ces réalités.
Un autre sujet qui n’est pas nécessairement mis en lumière est celui de la ménopause. En 2023, un rapport sénatorial la qualifie de « dernière poche de discrimination » au sein du monde professionnel. Une femme sur dix peut être contrainte de quitter son emploi en raison des symptômes. Lorsqu’ils ne sont pas détectés, ces derniers pourraient conduire à un licenciement pour insuffisance professionnelle ou à une réduction significative du temps de travail. Ces transitions physiologiques, loin d’être simplement médicales, deviennent des enjeux majeurs.
Bien que 87% des femmes déclarent vivre sereinement leur ménopause selon une étude de la MGEN, ce chiffre chute à 66% pour les femmes périménopausées, c’est-à-dire celles qui sont encore dans la période de ménopause. Ces écarts traduisent des réalités individuelles complexes où la dimension psychologique et professionnelle s’entremêlent.
Comment transformer ces constats en véritables opportunités de changement ? La réponse réside dans une approche systémique et collective. Il s’agit de repenser la formation des managers, de sensibiliser les équipes aux réalités des femmes et de créer des environnements professionnels véritablement inclusifs. Le travail ne doit plus être perçu comme un simple moyen de gagner de l’argent, mais comme un espace d’épanouissement personnel et collectif.
Notre société, souvent décriée pour son individualisme croissant, a paradoxalement plus que jamais besoin de solidarité et de compréhension mutuelle. Le succès ne se mesure plus uniquement à l’aune de la performance individuelle, mais à notre capacité collective à créer des écosystèmes professionnels où chaque individu, indépendamment de son genre, peut se réaliser pleinement.
La société se trouve face à un défi paradoxal. Nous devons garantir l’épanouissement professionnel des femmes tout en préservant notre propre survie démographique. Cette dernière réflexion pourrait faire référence à certaines politiques aux « heures les plus sombres de notre histoire » (qu’est-ce que je n’aime pas cette phrase bateau !) mais la réalité est que cette démographie fonde notre équilibre budgétaire et surtout notre modèle social hérité de la libération.
Chaque naissance est un acte de transmission et d’espoir, un engagement collectif qui transcende les intérêts individuels. Sandrine Rousseau, qui a l’influence du GPS du Titanic, dira alors que peu importe le devoir biologique ou le devoir patriotique, le ventre d’une femme n’est pas une variable d’ajustement.
L’enjeu est de réconcilier ces deux impératifs : la carrière et la maternité. La vraie modernité résidera dans notre capacité à penser simultanément le développement économique et le renouvellement générationnel, en plaçant l’humain au cœur de nos stratégies collectives.
Richard Wetzel, Avocat